Plateau de Leucate - septembre 2015
Toutes les conditions sont réunies pour une belle journée : un temps magnifique, du bleu à gogo en haut et en bas, un petit vent rafraîchissant et la bonne humeur coutumière des Godillot(e)s.
Nous allons parcourir ce splendide plateau calcaire de Leucate, aux confins du département de l'Aude. Nous commençons la rando au niveau le plus bas : l'étang de Leucate, appelé aussi étang de Salses et qui signe la frontière entre l'Aude et les Pyrénées Orientales. Une des lagunes du littoral Languedocien les plus connues, pour ses huîtres entre autres.
Leucate vient du grec "Leukos" c'est-à-dire "blanc". "Laucata" en occitan. Sa célèbre falaise la traduit bien!
Merci pour le commentaire de Jacques : "Pour compléter, l'oiseau photographié au début semble être ( comme le suggérait notre amie Francine Mauri ) un Héron cendré ( Ardea cinerera ), au plumage à dominance grise, au long cou, long bec et longues pattes, d'une taille entre 80 cm et 1 m, vivant en général en solitaire et se nourrissant de poissons, mollusques et crustacés entre autres."
Sur le chemin, quelques plantes halophiles bien connues.
Alain en observation.
Il a raison car le genre Salicornes (de "sal" et "cornu") possède de nombreuses espèces...
En l'occurrence , ici en Méditerranée, il s'agirait de la Salicorne ligneuse (ou salicorne en buisson ou corail de mer) (Sarcocornia fructicosa), arbrisseau des milieux salés et comestible en salade. On peut confire les tiges dans du vinaigre.
Il paraît qu'à partir du XVIIè siècle, on la brûlait pour en faire du carbonate de soude ("la soude de Narbonne") qu'on envoyait à Marseille dans les savonneries, mais aussi aux verreries des Corbières. Dommage qu'on ait perdu ce savoir-faire...
Autre plante halophile: l'Atriplex halime (Atriplex halimus) dont on mange les jeunes feuilles en salade. Mais confusion possible avec sa cousine l'Obione (arroche pourpière). Tous deux comestibles en salade.
Une curiosité du littoral languedocien : sorte d'éponge hémisphérique...verte puis brune quand elle sèche avant de se déliter. Qui connaît??
Les Godillots, en direction de Leucate; le village de Fitou, côté sud-ouest
Allez, un p'tit coup d'pub!
Sur fond bleu le Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) avec ses jolies baies automnales. Une fois noires, elles se mangent mais bon, c'est pas le top et ça n'a rien à voir avec les délicieuses pistaches du Pistachier vrai (Pistacia vera) qui ne pousse pas ici :-(
Puis abandonnant les bords de l'étang, nous montons sur le plateau en direction de Leucate Village.
Nous voyons beaucoup d'anciens enclos avec vestiges de cabanons. Il faut dire que le plateau de Leucate a servi de résidence secondaire à beaucoup de monde, des "cabaniers" comme ils furent appelés dans les années 70, illégaux de surcroît car la zone littorale est protégée. Ces centaines de cabaniers, propriétaires ou non, ont été obligés de démolir leur habitation de fortune... à la fin des années 90. Mais il y en a encore quelques-uns qui font de la résistance!
Nous arrivons en haut de la colline.
On plonge vers le village de Leucate ou dans la méditerranée, vers Leucate Plage et le lido menant à Port-Leucate. Enfin, on plonge dans l'étang, vers le Sud et les Albères. Un formidable poste d'observation que ce château!
Ce beau château en étoile (appelé aussi le Château Cézelly) a dominé le plateau du 11ème au 17ème siècles, jusqu'à sa démolition volontaire...
Il connut plusieurs restructurations, du moyen-âge à la renaissance où il devint une forteresse à enceintes bastionnées, conçue pour défendre les frontières du Royaume face à l'Espagne. Avec le traité des Pyrénées en 1659, la frontière reculant, on le trouva inutile et coûteux, d'où sa démolition, sur ordre de Louis XIV,...à l'explosif! Quel gâchis!
Hommage à cette belle dame...
Cette sculpture de Georges Guiraud, en 2007, représente Françoise de Cézelly, "veuve et héroïne de Leucate" car elle tint bon bon face à l'assaillant espagnol au XVIIème siècle. Elle refusa l'échange de sa reddition contre son mari prisonnier... Il en mourut le pauvre!
Est-ce que ça mérite une statue ça??
Alain a raison : il eût mieux valu danser!
Quelques vestiges reconnaissables... et la Chapelle
Un cadran solaire dans l'impasse Lamartine: "O temps, suspends ton vol" disait-il... Puis le goût du raisin bien mûr. Serait-ce l'heure du repas?
Un confortable muret de pierres sèches (merci Vigneron!), un petit vin de l'amitié et le goût des choses à la fois simples et fastueuses...
Une explosion de calcite, la belle mécanique de la sauterelle... Le banal se révèle hyper sophistiqué...alcite
Nous reprenons notre chemin pour atteindre La Franqui , sa magnifique lagune et ses vastes bords de mer : l'immense plage des Coussoules. La Franqui : première station balnéaire de l'Aude au 19ème siècle !
Sur la falaise qui nous ramène à Leucate, nous apprécions la restauration du "Fort de la Haute Franqui" qui date du 18ème siècle. Comparaison entre son état en 1980 et celui d'aujourd'hui... Ces forts (deux autres n'existent plus) indiquent que cette falaise a été un poste d'observation.
Le lido des Coussoules et le plateau de Leucate sont classés zone Natura 2000, des centaines de milliers d'oiseaux y séjournent ou y passent.
Le plateau calcaire est une avancée des Corbières maritimes dans la mer que l'ère tertiaire a élevé sous l'eau par couches successives de squelettes marins.
Comme les falaises de Bonifacio, tout cela va s'effriter, se déliter, disparaître... On a bien fait d'en profiter
Par contre, nous avons raté la visite du sémaphore à l'occasion de la journée du patrimoine (trop de monde!) et, juste en-dessous, la descente vers la fameuse "plagette" du Cap Leucate dont les eaux turquoises nous tentaient pourtant très fort!
Géographiquement parlant, le Cap Leucate est situé entre le sémaphore (signaux optiques d'un poste de défense maritime) et le phare.
Très belle rando , les mollets bien activés et l'esprit aéré!
Photos de Jacques ( que je remercie) et Dominique.
Dominique