ALBINE Le Mémorial des Aviateurs Oct 2016
Nous n'étions que 11 Godillots pour cette randonnée inédite dans le Tarn, loin de chez nous mais toujours en terre d'OCCITANIE, à ALBINE : température automnale mais du soleil au programme. Le départ a lieu dans un cadre enchanteur, au bord d'un lac où certains jouent aussitôt à Roméo et Juliette.
Mais Roméo a vite disparu pour laisser une Juliette esseulée qui le cherche désespérément.
" Et nous partons le cœur léger
en ce matin ensoleillé
à la conquête du Peyremaux
qui guette, narquois, nos Godillots."
( Cé ti pa bo ? )
Revenons sur terre car on aperçoit au milieu des arbres,vers le sommet, la croix du Mémorial : il faudra aller encore plus haut.
De belles "Limousines", parfaitement entretenues, nous souhaitent la bienvenue, tout étonnées de découvrir des spécimens aussi variés de Godillots : des Normands, des Alsaciens, des Languedociens et même des Ecossais. Et Mireille tout attendrie devant ces vaches si différentes des Vosgiennes noires et blanches de son pays ( eh, oui ! chez nous, les vaches ont de la couleur ).
Nous traversons un petit hameau presque désert, Lestap : quelques vieilles bicoques ( à acheter, pour un placement financier peut-être ! ) et un toutou qui reste de marbre à notre passage !
Nous pénétrons enfin dans le sous-bois, plus humide et vert que chez nous.
Nous marchons sur un épais tapis de feuilles mortes, très agréable. Cela nous change de la rocaille de nos Corbières. La mousse ( embranchement des Bryophytes ) est omniprésente : sur chaque rocher, chaque tronc d'arbre, d'une douceur incroyable au toucher et d'un magnifique vert prairie.
La petite taille des Mousses, le plus souvent quelques cm, est due à l'absence de vaisseaux conducteurs et distributeurs de sève dans les organes. Les cellules des feuilles et des tiges se nourrissent en absorbant l'eau mouillant la surface externe de ces cellules. Ces plantes n'ont pas de véritables racines, mais des filaments ou rhizoïdes. La vie active des Mousses et des Hépatiques nécessite la présence d'eau au contact des organes.
Mousses et lichens ne parasitent pas les arbres et les arbustes sur lesquels ils se développent, ils ne pénètrent pas dans les tissus de l'arbre ( comme le gui ) pour puiser dans les ressources du bois vivant. Les mousses sont tuées par le cuivre, même à très faible dose et quant aux lichens, ils ne supportent pas le dioxyde de soufre. Les spécialistes considèrent aujourd'hui ces végétaux comme d'intéressants indicateurs de pollution. Si les arbres en sont couverts, c'est le signe d'un air préservé !
La montée se poursuit en douceur et dans le calme entrecoupé seulement du ruissellement des cours d'eau. C'est l'occasion pour les Normands d'esquisser un pas de danse, histoire de rompre la monotonie de la marche.
Un instant d'hésitation : serait-on perdu ? Non, le GPS a parfois des moments d'égarement. Jean-Jacques et Jean ont vite redressé la situation.
Nous rejoignons la piste forestière bordée d'arbustes aux couleurs de l'automne. Là, c'est un houx ( Ilex aquifolium, famille des Aquifoliacées) qui grimpe pour se mettre à la hauteur des hêtres.
Le houx est le seul arbre à feuillage persistant à vivre dans les régions septentrionales et qui ne soit pas un conifère. Cet arbre solide et rustique dépasse facilement les 200 ans. Sa particularité est d’être dioïque, c'est à dire qu'il y a des houx mâles et des houx femelles et seules les formes femelles portent les fameuses baies décoratives. Ces fruits sont de petites drupes (fruits charnus à noyau ) sphériques de quelques mm de diamètre, d'un rouge éclatant. Ils murissent en fin d'été, persistent tout l'hiver mais sont toxiques. En effet, le houx contient dans son feuillage ainsi que dans ses fruits des alcaloïdes toxiques (ilicine). La consommation des fruits risque d'entraîner des vomissements et des troubles digestifs, voire des troubles neurologiques. Attention aux jeunes enfants et aux animaux .
Nous approchons du sommet, finie la montée. On découvre enfin le roc de Peyremaux ( 1008 m ).
Un panneau explicatif raconte la formation de la Montagne noire et la nature granitique de cet amas de roches.
Il est temps de faire une halte pour se restaurer, en essayant de s'abriter du vent du Nord assez froid. Face à nous, on aperçoit la silhouette du TAUCH qui émerge difficilement de la brume mais les Pyrénées sont invisibles aujourd'hui.
Nous repartons rapidement pour être plus à l'abri du vent et croisons quelques cavaliers bien emmitouflés, notre seule rencontre de la journée .
Et voilà enfin la croix du Mémorial. Ce monument a été érigé en souvenir du crash d'un avion de l'Aéropostale en 1936 ( dont on peut voir une photo d'époque ci-dessous à droite ). 3 personnes y trouvèrent la mort : Mrs Génin, Savarit et Aubert.
Gaston Génin était un pilote né en 1901, titulaire du brevet à 20 ans et aux commandes de l’appareil. Son avion (un trimoteur métallique Wibault 283T12 F-ANBL), parti du Bourget à 2 h 45 du matin, s'écrase le 2 Août 1936 à Albine dans la Montagne noire aux environs de 5 heures, pendant un vol postal de nuit, transportant le courrier pour l'Amérique du Sud. Le chef pilote d'Air France Gaston Génin est tué en même temps que son copilote Roger Savarit et son radio Albert Aubert. Son ami Jean Mermoz se joint aux secours pour ramener lui-même sur ses épaules son corps. La cause de cet accident fut l'erreur fatale commise par l'opérateur de radio-goniométrie au sol à Toulouse qui a transmis à l'avion sa position à l'Ouest de la ville alors qu'en fait sa position réelle était à l'Est.
Tiré du site : www.memoire-aeropostale.com/français/histoire-de-l-aéropostale/
Complément historique : Histoire de l'Aéropostale.
Dès novembre 1918, alors que la Première Guerre Mondiale s'achève tout juste, Pierre-Georges Latécoère imagina une ligne aérienne partant de France pour atteindre l'Espagne, le Maroc et l'Afrique, puis ultérieurement l'Amérique du Sud. C'est le début des lignes aériennes postales françaises civiles. Le 11 avril 1927, en proie à des tracas matériels, il céda ses parts à Marcel Bouilloux-Lafont, industriel et financier français. La Compagnie Générale Aéropostale était née. En 1930, elle possédait 200 avions et 17 hydravions, 1500 employés dont 51 pilotes.
L'Aéropostale reliera l'Europe à l'Amérique du Sud, étendant ses lignes jusqu'au Chili, par-dessus la réputée inviolable Cordillère des Andes, et vers le Brésil, Argentine, Chili, Venezuela, Bolivie... Ce fut également, toujours pour gagner sur les temps de parcours, le défi des vols de nuit, véritable révolution (périlleuse) à l'époque. Le 31 octobre 1933, l'Aéropostale dut fusionner avec d'autres compagnies aériennes françaises pour donner naissance quelques mois plus tard à la S.A. Air France, qui deviendra notre grande compagnie nationale. Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaumet furent parmi les pilotes les plus célèbres de la compagnie.
Tiré de https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_générale_aéropostale
Nous nous dirigeons ensuite vers l'endroit où se trouve une stèle avec quelques restes de la carlingue de l'avion ( 1936-2016 : 80 ans après ).
Nous repartons en entamant une descente assez prononcée mais agréable, sur un épais tapis de feuilles et de bogues de châtaigniers. C'est l'occasion rêvée pour nos Godillots de faire des provisions pour l'hiver.
On aperçoit de temps en temps quelques rares champignons : ici un cèpe de Bordeaux bien esseulé, là quelques Pholiotes changeantes.
Nous retrouvons le petit lac et les voitures, les sacs bien chargés, non sans remarquer dans le champ tout proche le regard inquisiteur d'un magnifique quadrupède au gabarit impressionnant.
Belle randonnée, sans grande difficulté ! A renouveler.
Merci à Jean pour ses conseils mycologiques.
Texte et photos de Jacques le Cathare.