Villerouge Termenès Nov 2016
Nous sommes une dizaine de courageux Godillots, en ce matin ensoleillé mais frais de Novembre, à redécouvrir ce morceau de terre cathare.
Et dès notre arrivée, comme le montre ce panneau, nous voici plongés dans l'histoire du Languedoc.
Direction le centre du village, avec son église St Etienne et son château.
Un instant d'hésitation avant de choisir la bonne route : les GPS sont encore froids !!!!!.
Nos amis Ecossais ne se font pas de souci pour cela : "Laissons faire les Français, ils s'agitent comme d'habitude !".
Nous avons trouvé le bon chemin, la balade peut commencer. Le château sort peu à peu des brumes matinales.
Une petite halte pour l'observer : c'est l'occasion de se remémorer son histoire.
Cette forteresse se dresse au fond d'un vallon des Corbières, au bord du ruisseau du "Lou", affluent de l'Orbieu et fait partie du village lui-aussi fortifié.
La première mention de Villerouge date de 1107 et celle du château de 1110. Il devint alors la possession de l’Archevêque de Narbonne, reçu des mains du chevalier Olivier de Termes.
La croisade dite « des Albigeois » débuta en 1208 par une première phase d’invasion des barons du Nord et s’acheva en 1213 par la conquête d’une grande partie du Languedoc, sous le règne du roi Philippe II Auguste.
Les Languedociens se révoltèrent de 1216 à 1223 pour reprendre leurs territoires.
L’arrivée du nouveau roi Louis VIII ( fils du précédent ) va provoquer une 2e croisade début 1226 jusqu’en 1229 où, au traité de Meaux-Paris, les comtes de Toulouse et de Foix abandonnent leurs terres au profit de la couronne.
Mais le catharisme est toujours vivant en Languedoc : en 1233, ( sous le règne de Louis IX dit St Louis ), le Pape Grégoire IX crée les tribunaux de l’Inquisition. En 1244, c’est la chute de Montségur ( 200 cathares seront brûlés vifs ) et en 1255, celle des dernières forteresses cathares dont Quéribus.
Les possessions des maisons de Toulouse et Trencavel sont en 1271 annexées définitivement au royaume de France : le Languedoc n’est plus indépendant ( règne de Philippe III dit le Hardi ).
Les persécutions contre les Parfaits continueront en Italie et en Languedoc et le dernier bûcher des Cathares aura lieu à Villerouge Termenès en 1321 avec la mort de Guillaume Bélibaste ( règne du roi Philippe V ).
Voilà un bref récit de la Croisade tiré des sites :
https://www.herodote.net https://fr.wikipedia.org www.payscathare.org
Après cet intermède historique, nous reprenons la balade sur le GR 36B parmi les genévriers, les pins et les chênes verts, sur le versant d'un Pech dominant un ruisseau desséché.
Notre route plonge maintenant dans le vallon au petit air de Provence ( ou de Toscane pour faire plaisir à Giuseppe ! ) avec ses cyprès. Nous atteignons la Chapelle Notre Dame, gardée par un berger du cru à l'allure débonnaire qui se demande où est passé son troupeau ( 1,5 km ).
Nous descendons vers le lit du ruisseau du Libre, quelques Cynorhodons ( ou gratte-culs ) apportent une touche de couleur parmi les broussailles ( 3,5 km ).
Mais voici une portion plus pentue de notre itinéraire: le sentier, creusé par les eaux, ressemble à une tranchée empruntée par nos "poilus Godillots".
Tiens : un cairn, un peu tordu tout de même, avec sa curieuse tête de toutou. Nous sommes sur la bonne voie.
La montée se poursuit parmi les chênes verts recouverts de lichens qui abondent en cet endroit.
Les lichens ou champignons lichénisés sont des organismes composés résultant d'une symbiose ( association entre 2 espèces différentes ) entre un champignon hétérotrophe appelé mycobionte, représentant 90 % de l'ensemble, et des cellules microscopiques possédant de la chlorophylle (algue verte ou cyanobactérie autotrophe pour le carbone) nommées « photobiontes .
Le mycobionte fournit le support, l'eau, les sels minéraux alors que le photobionte produit les aliments issus de la photosynthèse, de l'amidon surtout. Le thalle du lichen se développe lentement à la surface de supports très variés : arbres, rochers .... Ici, il pourrait s'agir de lichen du type foliacé.
Enfin le sommet tant attendu qui débouche sur une route forestière ( 4 km ) : on remet les lunettes de soleil ( Les Ecossais ont les yeux fragiles ). Nous sommes accueillis par un des rares arbousiers que nous ayons rencontré.
Le chemin ( nous avons laissé le GR qui continue vers Termes ) est maintenant plus facile. Reste à trouver un endroit pour se restaurer, si possible au soleil ( 8 km ).
Après un frugal repas ( pauvrement arrosé ) et la route étant encore longue, la troupe se remet rapidement en marche vers Félines. Notre guide Alain dit " l'Ibère " nous déniche une curiosité en bordure de chemin, peut-être un ancien four ? et de plus avec une borne numérotée. Koi kesse ?
La piste longe le ruisseau et serpente dans un petit canyon.
Nous découvrons la grotte mentionnée sur la carte ( 10 km ) et notre Astérix se prend à rêver : " Regardez, et sans potion magique !!! "
Nous approchons de Félines dans un paysage toujours aussi coloré.
Nous traversons le village presque désert, seulement des Patous à l'aspect peu engageant, pressés de nous voir partir.
La dernière montée, courte mais raide ( 11,5 km ).
Et nous retrouvons Villerouge, derrière nos 2 guides "Alain Bélibaste" et son ami "Claude Maury".
Terminons par un petite note historique sur Bélibaste :
Nous connaissons le personnage de Bélibaste grâce aux témoignages recueillis par l'inquisiteur, notamment de celui qui l'a trahi, Arnaud Sicre et de celui de son ami le berger Pierre Maury.
Vers 1305, dans une bagarre, il assassine Barthélémy Garnier, un berger de Villerouge-Termenès car celui-ci le menace de le dénoncer à l'inquisition avec le reste de sa famille. Reconnu coupable, il fuit en abandonnant femme, enfant et biens. Pour se racheter, il se rend auprès de la communauté cathare qui s'est formée autour des frères Authié. Il est initié et bientôt ordonné "Parfait" à Rabastens. Capturé avec ses compagnons et enfermé au "Mur", la prison de Carcassonne, en 1309, il parvient à s'enfuir en Catalogne. Mais il est trahi par Arnaud Sicre et conduit à nouveau à la prison de Carcassonne. Il y sera jugé et sur l'ordre de l'archevêque Bernard de Farges, neveu du pape Clément V, il fut brûlé vif sans abjurer le 24 août 1321, dans la cour du château de Villerouge-Termenès.
Ainsi s'achève l'épopée de Bélibaste et la rando de Villerouge.
Texte et photos de Jacques ( dit le Cathare )