Les capitelles de Conques sur Orbiel - 7 avril 2018
15 Godillots présents pour cette journée consacrée à la découverte de capitelles, à travers un périple de 12 kilomètres sur la commune de Conques sur Orbiel. Un sentier aménagé, sans broussailles ! Une météo prévoyant des entrées maritimes, mais sans pluie. Nous devrions donc avoir les pieds au sec, ... en principe !
A la descente de voiture, nous sommes surpris par le vent marin qui s'est renforcé sur les hauteurs. C'est donc bien emmitouflés que nous démarrons notre balade.
Quelques pas seulement, et déjà les premières capitelles sont en vue.
Une première pause contemplative et admirative s'impose devant ce travail d'empilement ordonné, suivant un savoir-faire très professionnel. Quelle patience !
« Après avoir, durant une très longue période occupé l'abri naturel que constitue la grotte des zones calcaires, l'homme devenu pasteur-agriculteur et capable d'utiliser la roche, fut un bâtisseur à pierres sèches.
L'interaction homme-paysage commençait. Elle devait aboutir à un modèle typique et original du milieu naturel qui témoigne d'un travail, parfois herculéen, poursuivi génération après génération.
L' « ostal », la « capitelo », la « borio », la « cazelo », « la baracou » de la garrigue, du causse, de la montagne, sont de véritables petits chefs d'oeuvre. Le silence s'impose devant cette harmonie de la création humaine et de la nature ».
Propos extraits de la préface de l'ouvrage « Les capitelles des garrigues gardoises : le temps retrouvé ».
Si les capitelles les plus fréquentes sont de formes circulaires et carrées, on peut rencontrer également des plans semi-circulaires, en U, ovoïdes, rectangulaires ou autres.
Elles ont connu suivant les régions divers usages : refuges temporaires pour les travailleurs de la terre, qui venaient s'y abriter en cas de pluie ou de fortes chaleurs, locaux de rangement pour les outils, stockage des récoltes, abris de bergers, voire cabanes de charbonniers, ou encore postes d'affût pour les chasseurs.
Les entrées des capitelles, appelées portes, sont principalement rectangulaires. Mais elles peuvent aussi être trapézoïdales ou en ogive. Leur orientation tient compte du vent dominant.
La curiosité amène à se poser quelques questions sur cette ouverture triangulaire au-dessus du linteau : une aération pour les uns, une sorte de signature du constructeur pour d'autres, voire un élément de décoration.
En réalité, il s'agit d'un arc de décharge triangulaire appelé aussi arc brisé, destiné à alléger le poids des pierres sur le linteau. Certains arcs de décharge plus rares car plus difficiles à réaliser sont en voûte clavée à pierre sèche. Ils sont confectionnés à partir de plaquettes brutes disposées sur un cintrage en bois provisoire. Les joints des pierres sont alors dirigés vers le centre du demi-cercle et la pierre supérieure verticale fome la clef de voûte.
Mais alors, pourquoi certaines capitelles ont-elles ce dispositif et pas d'autres ? On peut penser qu'il s'agit d'une évolution dans le mode de construction pour une meilleure tenue dans le temps.
Le chemin reprend avec la découverte d'autres constructions moins typiques, mais tout aussi utilitaires : les enclos.
Les murs en pierres sèches servaient à affirmer le droit de possession des champs, à protéger des récoltes contre les nombreux troupeaux qui ont occupé la garrigue pendant des siècles, ou encore à enfermer le bétail.
« Godillots, songez que du haut de ces capitelles, plusieurs siècles d'histoire vous contemplent !!! »
Que Napoléon Bonaparte nous pardonne de parodier les propos qu'il a tenus à ses soldats lors de la bataille des pyramides.
En fait les capitelles sont beaucoup plus récentes que les pyramides de Gizeh. Des textes notariés languedociens font état de capitelles dès la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle.
Certaines construites à proximité d'une source bénéficiaient de l'eau courante. Un début de confort !
Si ces constructions ponctuent le paysage, le printemps est bien décidé lui aussi à marquer son empreinte sur ce territoire, en y apportant quelques touches de couleur.
Des iris magnifiques et bien d'autres fleurs.
Asphodèle porte- cerise appelée ainsi parce que ses fruits qui restent en place tout l'été, ressemblent à des cerises.
Quelle majesté dans le port de cette asphodèle ! Les tubercules farineux de l'asphodèle ont été utilisés autrefois pour faire du pain.
La plante suivante nous aura interpellé un peu plus. Renseignement pris, il s'agit du grémil pourpre bleu ou Lithospermum, plus présent sur l'ouest audois que sur le littoral.
« Lithospermum » signifie «graine de pierre», par allusion aux petites graines très dures que la plante produit à l'aisselle des feuilles.
Le nom français est composé de deux éléments, un premier au sens plutôt obscur, probablement «grès» ou «râ», qui serait la forme languedocienne du mot «grain» et le deuxième, «mil», de «millet».
La plante serait diurétique et dissoudrait les calculs biliaires et urinaires. Elle soignerait les rhumatismes et la goutte. On l'a également employée en usage externe pour éliminer les corps étrangers dans l’œil.
Léger moment de flottement. Notre ami Jacques le Cathare a perdu ses marques. Où est Carcassonne ? Où est le Nord ?
Pas de panique ! Carcassonne est par là, la Cité émerge à peine des brumes.
Quant au nord, il est facile à trouver. Il suffit de se retourner : l'émetteur du Pic de Nore, c'est encore mieux que la boussole !
Changement de décor. Nous quittons la garrigue pour nous engouffrer dans un sous-bois. Changement de construction également. Pour cette palombière, la pierre fait place à la tôle. On distingue des poulies et les fils qui se « faufilent » dans les branchages. En les manipulant, les pigeons (« les appelants »), s'envolent avec leur fil à la patte, et attirent les palombes qui sont tirées depuis les meurtrières.
Nous voilà au domaine de Monestrol. Le propriétaire pas très content de nous voir devant sa porte se montre cependant compréhensif et nous indique le chemin à suivre.
Heureusement, les chiens n'étaient pas en liberté, sinon gare aux mollets !
Ce n'est pas tous les jours que l'on voit des randonneurs ! De quoi éveiller la curiosité des ces équidés aux longues oreilles.
Mais nous voilà à nouveau perdus. Heureusement, le hasard faisant bien les choses, un garde-chasse providentiel nous invite à suivre le chemin qui traverse le domaine de la Ferme Blanche.
Notre horloge interne nous annonce qu'il serait temps de se ravitailler.
Nous lui obéissons spontanément.
Tiens, qui avait dit que nous aurions les pieds au sec au cours de cette journée ?
Pas d'autres solutions … il faut traverser la rivière et se "dégodiller" !
Certains s'exécutent promptement.
D'autres mettent moins de cœur à l'ouvrage. Notre Président aurait-il peur de se mouiller ?
On connaissait le dab, mouvement chorégraphique popularisé par la musique hip-hop où le danseur place son visage dans le pli du coude, tout en pointant le ciel dans la direction opposée avec les deux bras parallèles. Les Godillots viennent d'en inventer une autre version, avec les jambes !!
La rando reprend son cours normal avec une ascension de 1ère catégorie !
Photos de groupes et mines réjouies pour cette rando patrimoniale.
Dernières capitelles et derniers enclos avant de nous engager sur un site en forme de cirque
Nous traversons un dernier domaine proche de l'arrivée et croisons cette ornithogale en ombelle encore appelée « Dame de Onze heures ».
Le grand botaniste Linné à qui nous devons la classification actuelle de la majorité de nos plantes avait construit une horloge biologique fondée sur l'heure d'ouverture des fleurs. Ainsi, le liseron des baies devait s'ouvrir à 3 heures, la chicorée sauvage à 5 heures, le souci des champs à 9 heures, et l'ornithogale en ombelle à 11 heures d'où son autre appellation. Mais c'était sans tenir compte des variations climatiques.
A la montre des Godillots, il n'est pas onze heures, mais près de 16 heures et donc l'heure de rentrer sur Ventenac. Retour dans le présent après ce plongeon dans un passé au riche patrimoine que certaines associations sauvegardent avec amour. Qu'elles en soient remerciées !
Merci à Jacques également pour quelques-unes de ses photos.
Daniel