De Cascastel à Villeneuve
Une quinzaine de Godillots au rendez-vous pour une balade qui s'annonce un peu fraîche et ventée. Départ du pied du Château de Cascastel datant du XIIe siècle. La tour que l'on aperçoit à gauche est le donjon qui se trouve excentré par rapport au château.
Au XIVe siècle, lors de “la guerre de cent ans”, le château est transformé en forteresse en y ajoutant des tours dont la tour carrée, des remparts et un pont levis. Plusieurs fois remanié, il fut habité jusqu’au début du XXe siècle. A l’issue de la période révolutionnaire, le seigneur de Cascastel, Joseph Gaspard Pailhoux reste maître du château et devient maire de la commune. Le dernier propriétaire en fit don à la commune en 1966.
Nous traversons la Berre et attaquons la montée vers le Nord.
Des mimosas sauvages ( Acacia Dealbata ) font leur apparition et nous en rencontrerons beaucoup d'autres en de nombreux endroits du parcours. Cet arbuste comporte des feuilles composées de folioles elles-mêmes divisées en de multiples foliolules qui donnent ce toucher très soyeux. La floraison se produit en général en plein hiver, Janvier-Février. Ces mimosas ont tendance à se reproduire facilement et peuvent devenir envahissants par rapport aux autres espèces.
Plus loin, on aperçoit des touffes d'asperges portant des boules vertes : curieux !!!!
L'asperge sauvage : Asparagus acutifolius , est un arbuste bien connu dans notre région, de petite taille, formé de multiples rameaux tombants portant des feuilles en aiguilles piquantes groupées par petites touffes. A l'automne, certains pieds produisent des fruits verts, de la taille d'un petit pois, qui deviennent noirs ensuite et qui seraient toxiques ????. C'est au pied de ces arbustes que l'on trouvera au printemps les jeunes pousses vert tendre très prisées dans nos régions pour agrémenter les omelettes pascales.
Nous arrivons au sommet de la montée vers le col de Vente farine où nous faisons une petite pause, au pied des cèdres et autres mimosas.
En regardant de plus près, on remarque sur ce jeune arbre les fleurs mâles du cèdre de l'Atlas qui donneront ensuite de gros cônes dressés caractéristiques de cet arbre.
Voici le col de Vente farine et nous amorçons la descente vers Villeneuve.
Le soleil se fait plus rare : quel dommage ! La variété des teintes de vert, jaune, orangé, rouge et violet des feuillages des vignes n'en serait que plus belle.
En passant auprès des vignes, on peut apercevoir quelques grappes oubliées de grenache noir et rosé qui font le régal de certains godillots gourmands.
Le buis se pare de ses couleurs d'automne tandis que le genêt scorpion ( Genista scorpius en latin, Argélas en occitan ) a perdu ses belles fleurs jaunes mais pas ses épines.
Quelques touffes clairsemées d'Asters ( Aster Sedifolius ) apportent une note colorée de blanc bleuté parmi la grisaille environnante.
C'est la pleine mâturité des Cynorhodons ( Eglantines ou Gratte-culs ), faux-fruits de l'églantier et du rosier, de la Famille des Rosacées. Très riches en vitamine C, ils se dégustent surtout en confiture ou en gelée. Ces espèces d'urnes de couleur rouge-orangé contiennent les fruits comestibles mais aussi des poils irritants pour la peau et les muqueuses utilisés autrefois comme poil à gratter.
Notre ami Jean nous fait remarquer sur le bord du chemin la présence d'un Poirier faux-amandier portant des fruits globuleux ressemblant à de petites pommes.
Nous descendons sur Villeneuve des Corbières et cherchons un coin abrité pour casser une petite croûte bien méritée après une descente un peu raide.
Nous voilà requinqués pour suivre les bords de la Berre qui mènent à Villeneuve.
Au milieu du chemin, on tombe sur cette couleuvre totalement desséchée d'allure peu commune : il s'agit d'une couleuvre à échelons ( Rhinechis scalaris ) que l'on rencontre en Languedoc-Roussillon dans des zones touffues comme les bords de rivières où elle grimpe sur les arbustes pour se nourrir d'oiseaux ou de leurs oeufs, ainsi que de petits mammifères, lézards et batraciens. Elle tue ses proies par constriction, comme les boas. C'est une espèce protégée sur le territoire français mais celle-ci a malheureusement été écrasée lors de la traversée du chemin, étant un animal diurne.
Et un peu plus loin, on découvre un champ de fleurs à la belle couleur violette qui semblent être des crocus. Effectivement, ce sont des Crocus domestiques ( Crocus Sativus, de la famille des Iridacées ) qui fleurissent à l'automne et sont cultivés pour en retirer les fleurs et surtout les stigmates avec lesquels on obtient le safran après séchage. Ne pouvant se reproduire seul, il faut planter des cormes ( organes de réserve souterrain ) pour obtenir les fleurs.
Le safran est un épice originaire du Moyen Orient, très recherché et d'un prix exhorbitant le faisant qualifier d"or rouge " . Sa culture remonterait à plusieurs millénaires avant JC pour ses propriétés culinaires autant que médicinales.
A proximité du village de Villeneuve, on rencontre un couple insolite de 2 " vieillards " encore guillerets et ma foi heureux de vivre : comme quoi, " l'amour triomphe des années et efface les ravages du temps " ( citation d'origine occitane inconnue ). Souhaitons-leur bon vent !
La balade se poursuit avec une légère montée et pour certains, tous les moyens sont bons pour éviter les efforts. Il faut préciser qu'il s'agit d'un Normand d'origine, peu habitué au relief accidenté de nos Corbières.
On aperçoit au loin la statue de la Vierge de la Recaoufa qui semble nous surveiller.
Mais le soleil revient pour saluer notre retour à Cascastel.
A l'entrée du village, un magnifique Erable de Montpellier ( Acer Monspessularum ) nous accueille. Cet arbre aux feuilles à 3 lobes arrondis fleurit au printemps el les feuilles vertes virent au rouge-orangé à l'automne
Et nous rejoignons la cour du château pour clore cette balade.
Merci à Frère Jean et Soeur Dominique pour leur aide de la partie Botanique.
Photos et texte de Frère Jacques.
Documentation tirée de l' Encyclopédie Wikipedia.