Les grottes de Cesseras Déc 2019
" Sur les traces de nos ancêtres des cavernes "
Cesseras, petit village de l'Hérault, accueille 11 Godillots en cette matinée humide de décembre. Pas de vent mais un soleil très timide. On démarre du parking du cimetière : direction, le village.
Tiens : une rue avec le nom de Guilhem de Minerve. En effet, nous sommes ici en pleine terre cathare.
Ce Guilhem IV de Minerve, vicomte local, fut vaincu par Simon de Montfort lors du siège de Minerve, en 1210. Son fils Guilhem V poursuivit le combat quelques années plus tard mais fut vaincu lui-aussi. Il partit alors en croisade en terre sainte avec le roi de France Louis IX ( St Louis ) qui, en récompense, lui permit de conserver une partie de ses terres.
Sur ce, nous quittons le village, à travers vignes.
Et nous tombons sur cette curieuse "sculpture de tôles et de pierres", véritable oeuvre d'art du XXIe siècle : voilà qui aurait pu intéresser l'ami Daniel, très amateur de vieilleries.
En bordure de vignes, quelques fleurs typiques :
- des Diplotaxis ou fausse Roquette, aux fleurs blanches ( Famille des Brassicacées )
- des Crépis à feuilles de pissenlit d'un jaune éclatant ( Famille des Astéracées ) ???
- du Laurier tin ou Viorne tin avec ses fruits bleu foncé ( Famille des Adoxacées )
Et nous pénétrons dans la garrigue : finie la promenade, voilà la rando qui commence !!.
Le chemin serpente parmi les pins d'Alep et les genévriers.
Au loin, la plaine d'Olonzac et l'Alaric, dans la brume.
Des aboiements dans la pinède : ils proviennent d'un enclos avec des chiens blancs dits Porcelaine.
Ces chiens appelés aussi chiens de Franche-Comté sont des chiens courants de taille moyenne, spécialisés dans la chasse au lièvre. Leur robe est blanche avec quelques taches orange, les oreilles sont tombantes et la tête en forme de poire.
Tiré de l'encyclopédie Wikipédia.
On passe près du hameau de Montcélèbre, sur une portion de route avec un menhir surmonté d'une croix.
Virage à droite avant d'y entrer : on part sur le causse ( km 3 ) !
Le sentier domine, avec vue sur les méandres de la Cesse : un paysage typique de Karst ( un aspect plutôt tourmenté, un réseau de rivières souvent souterraines, un sous-sol creusé de nombreuses cavités, grottes et gouffres, avec des cours d'eau qui se perdent et réapparaissent ensuite plus loin ). L'eau de la Cesse et de ses affluents, par son action physique et chimique, a sculpté, taillé, découpé la roche en formes multiples.
Nous descendons tout doucement vers la route, au milieu des chênes kermès, chênes verts et autres genévriers.
Traversée rapide puis on reprend un sentier, juste après le parking du km 4, qui surplombe la Cesse.
Nous allons descendre vers le lit asséché ( car devenu souterrain ) de la Cesse pour voir de près les vestiges du Moulin d'Azam.
Chemin tout à fait praticable, parmi une végétation assez fournie et de nombreuses cavités creusées dans la roche.
Et nous voilà près du moulin, flanqué de son cèdre, avec d'anciennes meules de pierre abandonnées.
Ce n'est pas tout : il faut remonter sur le causse.
Tiens : en bord de chemin, du Petit houx ou Fragon ( Famille des Asparagacées ) avec ses belles boules rouges et même quelques Fougères.
Ouf ! remontée et fin de la 1ere épreuve ( pas très difficile !!! ).
L'occasion de se reposer et admirer ces taches de couleur rouge-orangé parmi la verdure : des Pistachiers térébinthes qui vont perdre leurs belles feuilles.
Sur 1 km environ, le chemin monte en pente douce, parmi les Cistes cotonneux ou Cistes blancs ( Famille des Cistacées ) dont la floraison est terminée depuis des mois mais quelques très rares fleurs "font de la résistance", comme sur la photo de droite. La plupart sont fanées et s'apprêtent à libérer leurs graines ( photo de gauche ).
Et nous voici arrivés au début de la descente vers la grotte ( la 2e épreuve du jour ) : le même dénivelé que pour le moulin ( 30 m ) mais sur un trajet 3 fois plus court, donc plus abrupt ( voir 3e photo prise du bas ).
La présence d'une rampe métallique nous a beaucoup facilité la descente.
A mi-chemin, un 1er palier avec un panneau informatif sur la grotte.
Descente plus raide encore vers le 2e palier : ça commence à râler chez certaines Godillottes qui vont s'arrêter à ce niveau. Et notre Normand de Président va rester avec elles pour les réconforter ( enfin soit-disant !!! ).
Mais les 3 "cathares" de l'expédition : Alain, Jean et moi-même ainsi que notre intrépide John ont décidé d'aller jusqu'au bout, descendre au 3e niveau pour aller voir la grotte.
En bas, 2 chemins : celui de droite ne mène qu'à un abri de roche, difficile d'accès et de plus interdit. Ce n'est pas la bonne.
Il faut suivre celui de gauche pour atteindre la grotte de l'Aldène ou de la Coquille où je retrouve mes "3 pistards".
Passée la porte de bois, on débouche dans une grande salle dont le fond est grillagé ( accès interdit au public ).
Des panneaux informatifs sont disposés alentour : on y apprend que la grotte fut exploitée pour ses phosphates naturels, provenant de la décomposition d'animaux morts ( ours, chevaux, bovidés, félins, cerfs, ... ) accumulés pendant des centaines de milliers d'années. D'un côté, ce fut sans doute un bien économique pour la région mais de l'autre, de nombreux vestiges de nos ancêtres Homo sapiens ont disparu. Il en reste heureusement un peu qui nous renseignent sur leur mode de vie.
C'est ainsi que l'on a retrouvé des traces de pas humains et d'animaux ainsi que des débris d'outils, des traces de griffures d'ours et des dessins, sur le sol et les parois de la grotte et remontant pour les plus lointains à - 400 000 ans.
Voilà qui méritait de faire un détour. A la sortie, sur la paroi rocheuse, on voit des coulées noirâtres qui suintent : sans doute la trace des phosphates dissous ???.
Il est temps de faire un bond dans le temps de 400 000 ans pour retrouver nos autres "Homo Sapiens Godillots" .
C'est l'heure du casse-croûte et il est bien mérité, tout en écoutant les histoires à dormir debout de notre ami "Néandertalien" Jean.
A ce propos, voici quelques portraits de nos ancêtres de Néandertal, tels que certains ont envisagé de les représenter : n'y voyez cependant aucune ressemblance, proche ou lointaine, avec des godillots actuels et si oui, elle ne peut être qu'involontaire et fortuite !!!!!!
Laissons de côté ces "élucubrations cathariennes", dues peut-être au café français arrosé du Snchaps de notre alsacienne Christine, il est temps de se remettre en route.
Près du chemin, on aperçoit des ruines d'habitations protégées par une clôture. Explication :
" Les dépôts phosphatiques trouvés dans la grotte constituaient un engrais extrêmement riche ; aussi furent-ils exploités par la société des Phosphates Naturels de la Grotte de Fauzan. Des bâtiments d'exploitation furent édifiés sur le rebord du causse, à une centaine de mètres des falaises formant les gorges de la Cesse. Un vaste puits équipé d'un monte-charge fut foré entre la grotte et la cour située devant les bâtiments, afin de remonter directement la minervite ( nom du minerai ) extraite de la caverne. Les ruines de ces bâtiments ainsi que le puits de mine existent toujours. "
La route s'éloigne peu à peu du bord du canyon qui continue vers Ferrals les Montagnes, source de la Cesse.
Nous retrouvons la route D 182 qui mène à Fauzan. Changement de paysage : la vigne réapparaît.
Un panneau indique que nous sommes dans le territoire du 1er cru du Languedoc.
Et nous arrivons au village par une rue dont le nom nous interpelle : de quel Causse s'agit-il ? de celui des Angles que nous connaissons ? Il semblerait qu'il s'agisse en fait du vaste plateau calcaire sur lequel nous avons marché, de 25 km de long sur 6 km de large, occupé par la mer il y a des millions d'années puis asséché, donnant naissance à des fissures dont celle du lit de la Cesse. Un lac se forma devant la grotte et s'y déversa à plusieurs reprises. Mais avec l'érosion, le niveau de la rivière baissa petit à petit ( comme dirait Daniel ) et actuellement, il est à environ 40 m en dessous.
Voir l'article de la Société Préhistorique de France de 1935 sur la grotte de Fauzan. Revue Persée.
En parcourant le hameau, nous entendons quelques braiments qui, aussitôt, font écho à des remarques de la part de certains Godillots concernant un certain M...... Allez savoir pourquoi !
Le hameau traversé ( km 9 ), nous virons à gauche dans un champ à traverser, un peu " a vista de nas " ( à peu près, à vue de nez, en français du Chnord ) avant de retrouver le chemin. Admirez la délicatesse et la galanterie de Philippe et John, 2 hommes du Nord et du grand Nord, au service de ces dames !!! Quant à notre chef, il est loin devant avec ses pistards !!!
Le sentier caillouteux dévale en direction de la D 182.
De temps à autres, une vue sur la plaine d'Olonzac et l'Alaric.
Nous approchons du village et le rythme de marche s'accélère.
Nous passons au pied de la tour clocher, vestige d'un château féodal, avant de rejoindre le parking.
Au final, une randonnée enrichissante, sans difficultés majeures, au profil varié, d'environ 13 km pour 370 m de dénivelé. A refaire absolument.
Jacques ou le cathare impertinent !!!