MONTGAILLARD : "LE SARRAT DE GERMA" fev2013
Montgaillard, hautes Corbières, 10km, dénivelé : 400m.
Nous arrivons à Montgaillard avec la crainte de la pluie : le ciel est menaçant et le vent est froid.
Nous nous garons face à la Mairie, à droite du "Cellier AVALON" (ben oui, pour du vin, c'est bien choisi).
Montgaillard est un petit village appartenant à la communauté de communes des Hautes Corbières et qui compte près de 100 habitants (129 en 1968).
Nous empruntons le sentier de rando "Le Sarrat de Germa" qui très vite va nous offrir de beaux panoramas sur les Corbières. Ce sentier désigne d'anciennes galeries de mines de baryte , de spath (cuivre et argent) et de plomb argentifère.
Hé oui, nous avons, comme cela nous arrive de temps en temps, un Godillot clandestin qui nous a guidés, discret, méfiant mais soucieux de vérifier si nous le suivions.
Jean-Jacques l'a baptisé GPS (Guide Pattes Sales).
D'autres pattes... et disséminées, quelques Hellébores présentant leurs boutons en formation.
Montgaillard, comme un petit bijou dans l'écrin des Corbières. La pluie approche...
Genévrier commun ( Juniperus Communis).
Comment distinguer le commun du cade? : pour le 1er, les feuilles ont une bande blanche; pour le second: deux.
De façon générale, la végétation nous indique que nous traversons le maquis: beaucoup d'arbousiers et de bruyères.
Puis de drôles de soupes champignonesques... Et pendant qu'on photographie, on se repose un brin... C'est que ça monte!
Magnifique plateau avec vue sur le Mont Tauch, comme un immense paquebot, d'une cinquantaine de km de long sur une vingtaine de large.
Merci Wikipedia : le nom TAUCH dérive du radical prélatin qui devait avoir une des formes tuc/tous/tos/taus signifiant « partie haute (tête, sommet), d'apparence ronde et massive » comme une souche. En catalan "tos" désigne le sommet de la tête des bœufs. Ce nom est très fréquent dans les contrées autour de la partie orientale des Pyrénées, depuis l'Andorre (exemple : le Tuc Dormidor). À partir d'une forme initiale Tauss, le nom a pu devenir Tauch.
Ce sommet des Hautes Corbières a donné son nom au vin de Fitou, pour les vignerons de Tuchan et de Paziols.
C'est sous la pluie que nous faisons un petit détour par les Mines du Tistoulet (site protégé).
Petite pause didactique, parce que c'est quand même un beau patrimoine minier que certains aimeraient voir valoriser. De fait: ces mines ont été rebouchées et sont aujourd'hui plutôt sous la végétation qui a repris ses droits, comme il sied!
C'est donc une histoire terminée après une exploitation (artisanale) de quelques siècles puisque, déjà, les Romains s'y adonnaient (fer, argent) .
Puis au Moyen Age, aux XVIIè et XVIIIè encore avec des constructions de mines de fer et de forges.
C'est au XIXè siècle que la production locale est concurrencée par la nationale.
Le déclin est amorcé et en 1945, restent en activité les mines de baryte, jusqu'en 60.
Une analyse de 26 pages sur les Mines dans les Corbières se trouve sur le net, pour qui veut s'instruire davantage : http://minesencorbieres.pagesperso-orange.fr/Le%20projet%20%20mines%20des%20Corbieres.pdf
Document très intéressant, réalisé par le Pays Corbières & Minervois. Tout le travail des mines est décrit ainsi que les lieux.
Objectif : cartographier les sites miniers en vue d'une valorisation culturelle et touristique par des sentiers de randonnées ou des visites guidées.
Un rocher sans doute percé jadis, pour le transport des minéraux, à dos de mulets. Il est tapissé de carbonates de cuivre tels que malachite et azurite. "Plus beau, dit Jacques, que notre carbonate de calcium blanc, c-à-d le tartre!"
Pour rappel: un petit clic sur chaque photo l'agrandit dans une nouvelle fenêtre!
Une coulée de malachite à gauche, une entrée de galerie à droite. Pas évident avec la végétation...
Cette mine du Tistoulet exploitait, sur 5 niveaux de galeries reliés par des puits s’étageant sur plus de 150 m de dénivelé, de la baryte, de la malachite, de l’azurite. Difficile à imaginer!
Sous nos pieds, une "halde" de mine : mot allemand qui veut dire "terril": c'est un amoncellement de déchets d'extraction.
Et ça, c'est la nature qui finira par panser les cicatrices minières de la montagne. C'est plus joli qu'une mine...
A gauche, le Globulaire Alypon et à droite le petit Narcisse Assoanus que nous avons déjà déterminés. Le printemps n'est pas loin quand on les voit!
... Vite aux abris!
En voilà un! Et Cro-Magnon nous attend! Cliquez sur la photo pour le capturer!
Il va nous faire visiter, non pas sa grotte, mais l'ancienne mine du Col de Estèbe qui exploitait le cuivre dans sa gangue de barytine.
A l'époque de cette exploitation très locale, il y avait plus de monde quand même : quelque 200 personnes dont des ouvriers maghrébins et espagnols.
Aujourd'hui, il n'y plus que quelques randonneurs prenant la pose! Il n'y a plus de mulets non plus, juste des mollets!
Comme il pleut toujours, on se trouve un abri, minier évidemment, pour se restaurer.
"La guerre du feu", selon Jacques, n'est pas finie...
En symbiose avec les animaux! "Lechien" est toujours avec nous et, malgré sa méfiance, il finira par manger à tous les rateliers.
Puis, il nous attendra sagement.
En quittant notre abri de fortune, Jacques éternise deux instants:
D'abord un chef d'oeuvre d'art abstrait:
"Mais qui a bien pu jeter cette peinture blanche sur la roche?" s'interroge-t-il.
Géologiquement, la barytine (ou baryte) est la gangue dans laquelle sont prisonniers les carbonates de cuivre. C'est un sulfate de baryum et son utilisation est industrielle.: pigment, densificateur, absorbeur et autres joyeusetés!
"En 1957, selon l'étude citée ci-dessus, les mines de Montgaillard sont de nouveau exploitées pour sa forte teneur en baryte. Le minerai était lavé sur place puis envoyé à Port-la-Nouvelle afin d’être broyé. L’objectif était de traiter au mois 2500 tonnes de barytine."
Deuxième chef-d'oeuvre fixé sur pellicule : le paysage! Depuis la mine, vue sur Montgaillard et les Corbières.
Et voilà... Fin de la boucle!
Un petit aperçu du Pech de Fraysse, point culminant du Mont Tauch : 917 mètres.
Merci à Jacques pour ses photos et commentaires et à Annie pour ses photos complémentaires.
C'était une belle approche d'un passé bien révolu. D'autres sites miniers nous verront un de ces jours car les Corbières en ont connu des dizaines et nous, nous sommes toujours preneurs et curieux.
"Lechien" nous a vus partir, un peu désoeuvré: c'est qu'il avait décidé qu'on était amis et on était d'accord avec lui !
Dominique