Le Lampy- Jeudi 10 octobre 2019
Après un peu plus d'une heure de route, nous voilà arrivés au Bassin du Lampy.
Au programme, une rando de 17 kilomètres avec deux variantes de 15 et 13 kilomètres, pour un dénivelé de 177 mètres.
Est-ce le faible dénivelé, le plaisir de découvrir un lieu chargé d'histoire, ou la perspective de cueillir quelques champignons, ou les trois à la fois, toujours est-il que le nombre de Godillots s'élève aujourd'hui à 15.
Altitude 643 mètres, temps couvert, température extérieure 12 degrés. L'automne a pris ses quartiers dans la Montagne Noire.
Le Bassin du Lampy... Neuf, car à l'origine, il y a un Lampy Vieux. Mais nous y reviendrons quelques lignes plus tard.
Nous avons vraisemblablement pris un peu de retard sur le planning prévu, c'est donc sans nous attarder plus longtemps que nous partons en direction de la forêt (peut-être également avec un empressement motivé par l'idée de cueillir de magnifiques bolets).
Quelques obstacles, non des moindres, se dressent en travers de notre passage.
Comme chacun sait, il en faut plus que ça pour décourager les Godillots. On ne va tout de même pas se laisser embêter par quelques bouts de bois !!
Tel un jeu de piste, des champignons en tous genres nous guident vers...
... les premiers bolets... rouges qui ne feront le bonheur que de Martine et Philippe, car rien ne vaut...
... le bon vieux cèpe de Bordeaux,...
...que chacun agrémente à sa façon :
- recette traditionnelle pour les uns : à la poële avec ail et persil,
- pour d'autres, en carpaccio pour garder le côté naturel, voire avec un peu d'huile et de sel,
- ou encore pour certains, avec des tagliatelles.
Pour la suite, nous nous contenterons de quelques menus « bouchons », …
… avant de marquer notre première pause rafraîchissement dans une clairière.
Ce chemin nous invite à regagner la forêt avec ses hêtres encore verts,
Franchissement avec prudence d'un ru, aucun Godillot ne prenant le risque de glisser pour prendre la température de l'eau.
La pause déjeuner arrive vers 12h30, avec notre sommelier professionnel.
La balade reprend son cours, ponctuée par quelques touches de couleurs « Godillesques », ou tout simplement naturelles, contrastant étrangement avec cette nature où le vert prédomine.
Quelques exercices d'assouplissement avec ce nouveau type d'obstacle !
En ces lieux, le téléphone a du mal à passer, …
… et ce, malgré l'antenne satellite (Macrolepiota procera, plus simplement Coulemelle)!!
Nous arrivons à la Rigole de la Montagne, classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO, (au même titre que le Canal du Midi), depuis 1996.
La Rigole de la Montagne est le symbole même du génie de Pierre-Paul Riquet.
Le Canal du Midi avait été envisagé à plusieurs reprises, depuis l'époque romaine, mais à chaque fois le projet se heurtait à l'épineux problème d'alimentation en eau.
L'idée géniale de Riquet a été de capter les eaux de plusieurs ruisseaux du versant méditerranéen pour les amener, via la Rigole de la Montagne, sur le versant atlantique. Cet ouvrage qui force l'admiration, a une largeur de 3 mètres environ pour une longueur de 25 kilomètres. Un cinquième de son tracé a dû être creusé dans la roche en place, granite essentiellement.
C'est sur ses premiers 18 kilomètres que la Rigole de la Montagne collecte les eaux d'une dizaine de rus et ruisseaux. Les plus importants sont l'Alzeau, la Bernassonne et le Lampy, le captage se faisant par un système de vanne-épanchoir.
Cette rigole a la pente suffisante pour acheminer l'eau jusqu'au seuil de Naurouze. Extraordinaire quand on sait qu'à l'époque on ne disposait pas des moyens techniques actuels. Ce que l'on sait moins, c'est que pour faire valider la faisabilité de son projet, Riquet a d'abord construit une rigole d'essai en 1665.
A l'issue concluante de cette rigole d'essai, 12 000 ouvriers vont entreprendre à partir de 1667 la construction du Canal du Midi, Riquet décédant un an avant la fin de son œuvre, en 1681. Quatorze années seulement auront suffi pour réaliser ce projet, chose impensable de nos jours !
Projet d'autant plus apprécié qu'il permettait de relier l'Atlantique à la Méditerranée, sans passer par le détroit de Gibraltar : gain de temps et surtout beaucoup plus sûr en ces temps de guerre.
Schéma du système d'alimentation du Canal du Midi :
Nous longeons cette rigole pendant quelques kilomètres, ...
… avant d'arriver à cette demeure dont tout le monde se revendique propriétaire, mais paradoxalement, dont personne n'a les clés pour entrer !! Chacun restera donc au portail.
Après avoir retrouvé, accrochées à une branche, les anciennes chaussures de Francine,
nous faisons une brève halte auprès d'arbres imposants, (séquoias ? thuyas géants ?), où quelques Godillots viennent puiser de l'énergie (sylvothérapie, ou la force des arbres, pratique ancienne venue du Japon pour diminuer le stress et l'anxiété).
Après 14,400 kilomètres, la randonnée arrive à son terme.
Dernière contemplation sur le Bassin du Lampy neuf :
Mais alors, au fait, pourquoi le Lampy Neuf ?
A l'origine du Canal, il y a eu le barrage du Lampy alimenté par les ruisseaux « le Lampy » et « le Lampiot ». Voulu par Riquet, il avait un rôle de bassin régulateur destiné à :
- constituer une réserve d'eau venant en complément du barrage de Saint-Férréol,
- amortir les crues,
- arrêter les limons et vases qui pouvaient ensabler trop rapidement le Canal.
Avec la construction du Canal de Jonction reliant le Canal de La Robine au Canal du Midi, l'apport complémentaire d'eau prévu par le Bassin du Lampy devenait insuffisant. C'est ainsi que fut construit par l'ingénieur Garripuy, près d'un siècle plus tard (entre 1777 et 1782), en amont du premier, un nouveau bassin, plus important, communément appelé le « Lampy Neuf » (contenance 2 665 000 m3, capacité de 1 670 000 m3 en retenue normale). Aujourd'hui subsistent encore quelques vestiges du Bassin ancien, le » Lampy Vieux ».
Le barrage du « Lampy Neuf », est un barrage poids, à contreforts en maçonnerie (11 au total), constitué d'une digue en moellons de granite, d'environ 130 mètres de long pour 16 mètres de hauteur, et une largeur de 11 mètres à la base et 5 mètres au couronnement.
Il se déverse dans un tronçon de rigole qui rejoint la Rigole de la Montagne. Celle-ci aboutit, après la percée des Cammazes (voûte Vauban), dans le lac de Saint-Ferréol.
Conclusions de cette journée : au choix, une bonne bouffée d'air pur, un dépaysement enchanteur, une balade instructive,...
Laissons le mot de la fin, ou plutôt la photo de la « faim » à Martine et Philippe avec cette poêlée de champignons qui a dû ravir les papilles :
Daniel