ARAGON EN CABARDES 1er avril 2012
En route pour cette belle région audoise : le Cabardès, située au Nord de Carcassonne et réputée pour ses bons vins : le cru Cabardès!
Ce sera une quinzaine de km sur le plateau (près de 200mètres d'altitude): plat de chez plat, depuis le petit village d'Aragon (classé!) qui, lui, semble perché.
Il fait grand soleil et ciel bleu infini. Un petit vent frais nous accompagnera, ce qui nous sauvera d'un coup de chaleur.
On a failli en avoir un d'emblée :
KWA? dit le Président, on est déjà rentré? Le capon... C'est le 1er avril et il nous en a déjà fait accroire... Une histoire de péniches à vapeur sur le Canal...
Pffftttt, "Cachez ce Cabardès que je ne saurais voir..."
Allez, fi de billevesées, en marche!
Claude voulait qu'on voie l'infini de la route... C'est un peu ça et Claude est tout petit là-bas. Ca, c'est la finitude de l'homme
Une garrigue plate donc, une prairie sèche essentiellement et calcaire où prospère le pin pignon (ou parasol), utile parait-il dans ce genre de milieu car son ombre épaisse freine l'envahissement végétal, ce qui limite aussi les incendies.
On reboise aussi avec le cèdre.
Au plus près du sol, ces magnifiques narcisses d'Asso (Narcissus Assoanus), égayant de mille petits soleils cette prairie.
Pour cette ruine, on appréciera le jeu des matériaux et de leur étagement. Le bon sens (esthétique aussi) des anciens .
Ce sont les petits animaux et insectes qui doivent applaudire: que d'hôtels confortables,
avec vue imprenable !
Ah... petit clic sur la photo pour l'agrandir : c'est qu'elle nous regarde bien ... l'ophris araignée (Ophrys aranifera ou Ophrys sphegodes)! Ce sont bien ces yeux-là qui lui ont donné ce nom. Ainsi que son labelle comme un abdomen bien velu. Il existe beaucoup d'hybrides de cette orchidée, fréquente sur sol calcaire et prés secs européens.
Tout aussi fréquent dans le même biotope : l'iris nain (Iris lutescens) ou iris jaunâtre littéralement. Mais il offre une belle palettes de couleurs, allant du jaune franc au violet, en passant même par le blanc!
C'est quand même remarquable de voir comment une petite plante, dans un univers aussi maigre... peut produire une fleur aussi énorme! A défaut d'être harmonieux, c'est spectaculaire. Voilà une plante à l'égo surdimensionné; une anomalie qu'on trouve aussi dans l'espèce humaine, particulièrement dans le biotope électoral, lui aussi très pauvre.
Le prunus nous réconcilie avec la tendre simplicité de la virginité printanière.
Prunéolier (prunier sauvage)? 200 espèces de prunus...
Puis, il y a des raretés :
Ce qu'Alain désigne là; non ce n'est pas son torse de la main droite, mais ces petites fleurs de la main gauche, très rares!, dans un conifère : "C'est avec elles qu'on fait le miel du pin!". (Depuis ce matin, les révélâââtions sont légion!)
C'est pas tout ça: la grave question du pique-nique se pose. OU MANGER???
Alain a bien une idée : le petit étang que Google Earth lui a révélé.
Mais ce n'est pas l'engin agricole qui va nous offrir l'ombre, ni les sols labourés tout autour. (Ouais... Google n'est pas toujours à jour! Le bosquet d'hier est devenu labour aujourd'hui...!).
Déterminés, on quitte les lieux pour LE restaurant providentiel!
Avec meubles de jardin et terrasse herborée: qu'est-ce qu'on est bien!
On reprendra la route un peu à contre-coeur; il y a de ces endroits qui ne paient pas de mine mais qui mine de rien, nous font cadeau de l'espace, l'herbe, la chaleur de la méridienne (on a failli faire la sieste!) et celle des amis.
En alternance, garrigues et labours, avec ici et là, quelques petites perles :
La jaune : une inconnue. J'ai cru à un hélianthème, mais à tort... Avis aux connaisseurs éclairés!
(10 avril: mon Papa m'a orientée vers les renonculacées et il a bien fait! Ce serait bien la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosa), très répandue dans la région.)
La blanche étoile, c'est notre Dame-de-onze-heures, l'ornithogale en ombelle (Ornithogalum umbellatum): notre belle ne se donne qu'en plein jour...
Puis l'asparagus, hein? Vous connaissez..., celle qui fait arpenter tous les pechs, une fois avril venu...
Asparagus acutifolius : notre bonne asperge sauvage!
Carla ne fut pas la seule à en cueillir mais c'est elle qui avait assurément le plus gros fagot même si elle a fait aussi provision de thym.
En vue : Aragon!
Claude profite de l'ombre bien légère d'un arbre.
Finalement, il a même fait un peu trop chaud!
Notre petite balade s'achève par un petit tour du village Aragon.
Son nom, d'après la tradition, aurait un rapport avec le royaume espagnol homonyme et remonterait au début du XIème siècle. Suite sur le site du village.
Aragon, bâti en amphithéâtre et anciennement fortifié, est classé.
Sa prospérité a été exemplaire à la fin du XVIIIème siècle dans le domaine agricole mais aussi et surtout le textile ; le village comptait 60 métiers à tisser et sa population était d'environ 700 habitants. Alors qu'aujourd'hui, il n'y en a plus que 500.
L'église d'Aragon avec sa tour massive et dans le "jardin de curé", face au prieuré, des reproductions de stèles "discoïdales" : une douzaine de monuments funéraires chrétiens au décor crucifère, datant du XII jusqu'au XIVème siècle.
Pour plus d'infos : http://www.aragon.cabardes.free.fr/iframe/pages/patrimoine/images/steles/stele.htm
Nous sommes redescendus de "l'éperon" par de petites ruelles aux maisons bien sages et alignées, chargées de bien de siècles.
Le Cabardès : un terroir riche! Aragon bien sûr mais aussi les châteaux Lastours, la grotte de Limousis, le château de Pennautier, "la rigole" de Riquet, le fameux Pic de Nore, la cascade de Cubserviès, le gouffre de Cabrespine... Ces deux derniers sites seront au programme très prochainement pour les Godillot(e)s. Nous nous en réjouissons!
Dominique